dimanche 9 mars 2014

Emergence de la communication et du langage chez le jeune enfant (Mengue)

Partie 1 : La période prénatale
I.    L’organe phonatoire et l’organe de réception des sons
Cf. Articles donnés en cours

II.           Les fondations prénatales de l’être humain

1.    Le champ de la périnatalité
Le terme périnatalité désigne tout ce qui tourne autour de la naissance. Il concerne le nouveau-né, les parents et les professionnels qui les accompagnent.
La période prénatale se découpe en 3 étapes :
·       le temps périnatal
·       la naissance
·       le temps post-natal
Il regroupe tous les domaines qui touchent à la naissance. Le premier programme de périnatalité a été élaboré en 1969.
La naissance est au croisement de plusieurs disciplines :
-        sciences biologique et moléculaire (génétique en autre…)
-        sciences humaines : psychologie (développement, clinique)
-        sciences sociales et juridique
On tient compte de tout ce qui entre en compte dans la naissance, l’aspect culturel, psychologique en autre (Mono, Neumon, Red, 2008).

2.    Le temps prénatal
Le vécu du fœtus avant la naissance est pris en compte sur le plan affectif et relationnel, et le diagnostic de pathologie. Par exemple, le diagnostic anténatal pour détecter les maladies graves.
« Il devient évident pour les cliniciens, que les avatars de la période fœtal se trouvent au moins en partie à l’origine de toute évolution pathologique particulièrement grave. Il est de l’intérêt de nos conceptualisations comme de nos pratiques de prendre en considération les traces laissées en nous par nos vécus affectifs et relationnels intra-utérin. C’est une invitation au dialogue, au-delà même des espaces psychanalytiques ».

A.    La vie embryonnaire (0-80 jours)
C Dolto, 1997 : « le premier trimestre est étonnant par le contraste entre le « rien à voir » pour ceux qui sont à l’extérieur et l’intensité de ce qui se passe à l’intérieur. Là en secret, parfois à l’insu des parents se jouent des choses fondamentales […]. On est loin du calme apparent. L’enfant est tout sauf passif ».

Les étapes du développement biologique :
-        Fécondation (rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde) è formation d’une cellule œuf appelé zygote qui se divise en 2, 4, 8… Etc.
-        Dès les premières heures, il descend vers les trompes de Fallope
-        Commence la période pré-embryonnaire avec la segmentation suivi par la nidation dans l’utérus
-        Il y a aussi formation du disque embryonnaire à 2 ou 3 feuillet
-        La fiction des cellules commence avec l’ébauche du système nerveux au 17ème jour
-        La période embryonnaire s’achève le 20ème jour
La période embryonnaire s’étend du 21ème jour au 80ème jour : c’est une période initial dans le développement.
Se met en place les organes définitifs : organogénèse.
Se réalise la forme du corps : morphogénèse.
Pour  ce faire, l’embryon commence à organiser ses annexes provisoires qui vont assurer sa protection et sa nutrition (cavité vitelline, liquide amniotique, cordon ombilicale et placenta).
A 1 mois, l’embryon mesure 4 millimètres, à 80 jours 30 millimètres et pèse 10g. La plupart de ses appareils sont formés è Il est devenu fœtus.

L’enracinement psycho-sociaux-culturel :
Pour Boyle (2003), le fœtus s’implante aussi bien dans le corps maternel : la nidification biologique, aussi bien que son psychisme provoque les remaniements psychoaffectifs : la nidification psychique. La mère lui confie un espace psychique de gestion qui participe à la construction de la personnalité du bébé (Boyle, 2007).
L’embryon présente d’emblée une identité psycho-sociaux-culturelle puisqu’il a été conçu d’un homme et d’une femme a un moment donné de leur histoire dans une certaine culture.
Il possède une histoire qui marque le début de son développement social.
Monsieur Szejer (2003) souligne : « Dès le 1er semestre de la grossesse, l’embryon peut déjà trouver des épreuve. Si les prémices de sa sensorialité n’en sont pas encore qu’à un état d’ébauche, il n’en reste pas moins qu’en tant qu’être humain au sein de laquelle il occupe une place définie ».

Le développement biologique du fœtus :
La période fœtale consiste à affiner la différenciation et la motivation des grands systèmes mis en place précédemment pour les rendre fonctionnels. Les 2 derniers mois sont essentiellement consacrés à la croissance rapide du corps en longueur puis en poids. Le placenta y joue un rôle prépondérant. 

Les caractéristiques de l’environnement fœtal :
Le fœtus se développe à l’intérieur du ventre maternel dans l’utérus, qui est la niche écologique de l’embryon, biotope du fœtus appelé haptonomie…
Il est nourrit en permanence par les échanges placentaire grâce auxquels il puise tous les nutriments dont il a besoin.
Ce milieu varie en fonction de la vie de la mère, selon Soulé (1999). Ce mode de vie se transmettrait au fœtus.
Le fœtus est toujours en introduction avec l’environnement externe grâce à la mère. Au 3ème trimestre, il entend les battements cardiaques de sa mère, sa voix… etc. On peut parler de culture prénatale. 

Caractéristiques des interactions biologiques entre le fœtus et sa mère : rôle du placenta
Il existe selon Soulé « une interaction primitive qui est vécue par le corps même du fœtus en relation avec celui de la mère qu’on peut appeler interaction biologique ».
La mère, le fœtus et le placenta forme une triade biologique prénatale.

III.       Que savent les fœtus du 3ème millénaire

L’étude scientifique du fonctionnement sensoriel prénatal débute vers 1930, en montrant que le fœtus réagit à un bruit intense prouve qu’il ne vit pas dans l’isolement sensoriel. La découverte des compétences sensorielles des bébés dès la naissance stimule les recherches prénatales et l’apparition des techniques échographiques couplées à l’information des données permet de créer des méthodes expérimentales pour interroger le fœtus. Donc les connaissances actuelles permettent de connaître le moment où le fœtus intrinsèque ou extrinsèque qui l’influence.
Les résultats de ces recherches couplés à ceux des neurosciences et croisés avec les apports des pratiques permettent de considérer la sensorialité fœtale comme une plaque tournante du développement venant de l’intérieur et de l’extérieur et à partir de laquelle tout se construit… On assiste aux émergences à savoir l’attachement, le langage, les premiers apprentissages et la personnalité.

1.     Les méthodes d’observation du fœtus 

La méthode des réponses cardiaques permet d’explorer les capacités auditives du fœtus au cours du 3ème trimestre en réponse à des stimulations sonores, il présente des réactions physiologiques à travers des mouvements, des variations du rythme cardiaque. Il discrimine ce qu’il aime ou préfère.
Ex : Si on présente un son à l’aide d’un haut-parleur situé à 20cm du ventre de la mère, on observe une réaction du bébé qui se traduit par une décélération. Puis on habitue le fœtus à ce bruit et on observe que le cœur reprend son rythme è Habituation.
Si on présente un autre son, on observe une nouvelle décélération cardiaque qui indique que le fœtus a perçue la différence.

La méthode de l’échographie est l’observation des images en 3D. Elle permet de voir le comportement naturel des fœtus. Cette recherche a été effectuée par Negré (1997).
L’observation de jumeaux depuis la 12ème semaine dans la période intra-utérine et après une observation après l’accouchement. Il a ainsi prouvé que les caractères se forment pendant la période prénatale.

La méthode de « notion nutritive » permet d’interroger les nouveaux nés sur leurs souvenirs pendant la vie prénatale.
On leur présente une tétine non nutritive munis de capteurs et relier à un ordinateur qui mesure le nombre de succion et les pauses entre les succions. On leur fait écouter leur longueur maternelle puis une autre. Quand ils reconnaissent la longueur maternelle ils tètent d’avantage.
Les bébés sont capables de modifier leur rythme de succion pour entendre un stimulus plutôt qu’un autre.
Par exemple : une comptine lue par leur mère au cours des 6 dernières semaines de grossesse. Ils montrent ainsi leur préférence et confirme l’hypothèse d’une mémoire prénatale. 

La méthode pour interroger la mémoire olfactive et gustative, on ne peut observer leur comportement d’orientation vers un stimulus connu ou inconnu. Leurs mimiques faciales, d’aversion ou d’appréciation, leurs réactions motrices ou l’effet produit par le stimulus proposé.

2.      L’ontogénèse des systèmes sensoriels
Les sens du bébé in utéro se développent de manière programmée en fonction de la maturation cérébrale et sont tous fonctionnels en fin de grossesse mais à des degrés différents. Le fœtus reçoit toutes les informations de tous les sens en même temps car toutes ces fonctionnalités fonctionnent ensemble. C’est la perception de ces informations sensorielles qui contribuent au développement et à l’entretien des capacités néonatales.
Selon Cyrulnick (1993), l’alimentation sensorielle du fœtus est fourni par  la mère qui créer une écologie affective (le caractère de la mère) selon qu’elle soit hyperactive ou sécurisée.

·       Le toucher
Le toucher se développe en premier, activé par la motricité sociale, les déplacements maternels et les contractions utérines. La réactivité tactile s’étend sur l’ensemble du corps de la 7ème à la 20ème semaine. Le fœtus perçoit le contact avec la muqueuse utérine par toute la surface du corps. En particulier la plante de la main, des pieds et la grande surface du dos. Il ressent de plus en plus le tonus de détente de sa mère.
Les récepteurs de la douleur sont matures très tôt, dès la 12ème semaine. Et la douleur n’est ressentie qu’à partir de la 26ème semaine quand les voies cérébrales et les neurotransmetteurs sont en place. On le voit à partir des réponses hormonales, stress du fœtus.
La peau, organe du toucher est le premier né de nos organes sensoriels. Vers 6 à 8 semaines de vie alors que l’embryon n’as encore ni yeux ni oreille, il réagit vivement en cherchant à s’éloigner si on lui touche les régions de son nez ou de ses lèvres.
Le toucher permet la mise en place de la respiration en stimulant la peau, en le massant.

·       Olfaction et goût
On n’a pas de véritables expériences sur le système olfactif, et gustatif du bébé avant la naissance : alors on extrapole.
Le système olfactif apparaît à 11 semaines et est fonctionnel à 25 semaines. L’olfaction et le goût ne sont pas dissociés dans la vie prénatale. Leur maturation est effective  au cours du dernier trimestre. Ces sensorialités sont très stimulé in-utéro car le fœtus fait circuler en permanence dans son nez et sa bouche du liquide amiotique.
Schaal (2005) à fait de nombreuses expériences pour savoir si le fœtus a appris/reçu les informations pendant la période fœtal grâce au liquide amiotique. Ces infos vont avoir un impact sur son développement post-natal.
Entre la 13ème et la 15ème semaine, le palais la langue et les bourgeons du goût apparaissent et plus le nombre de récepteurs augmente de manière considérable après la naissance. Au fur et à mesure que la grossesse se développe la barrière placentaire devint de plus en plus perméable. On retrouve dans le liquide amiotique de fortes substances. En fin de gestation le système olfactif est mature. La barrière placentaire laisse également passer les substances odorifiques. Toutes ses substances servent d’habituation au fœtus pour son développement futur. Il a déjà des habitudes alimentaires.

Expériences faites sur des reconnaissances de goûts :
Schaal (1998).
On a pris des bébés de 3 jours et on les a exposé à 3 types d’odeurs : odeur maternelle, odeur d’une mère inconnu, odeur neutre. On constate que 17 bébés sur 20 préfère l’odeur maternelle au neutre et 25 sur 32 s’oriente vers l’odeur maternelle.
è Le bébé a déjà mémorisé l’odeur de son milieu maternel. Il y a eu apprentissage natal des odeurs à la naissance.
Même expérience faite sur le lait maternelle de Marlier et Schaal (1997).
On met le bébé entre les 2 seins (maternel avec odeur // naturel). On camouffle le sein de la mère. Le bébé s’oriente vers le sein naturel qui n’a pas subi de traitement.
Fait sur des bébés de 2 semaines. On nourrit les bébés exclusivement aux biberons puis on l’expose à l’odeur du sein maternel. Si on présente le sein d’une femme qui allaite et une autre qui n’allaite pas, le bébé présente une préférence pour la première.
è Il a une préférence innée de l’odeur du lait.
On prélève l’odeur du liquide amiotique sur des bébés de 2 à 4 jours. Le bébé préfère l’odeur du liquide amiotique.
On refait la même expérience mais on compare cette odeur avec l’odeur du colostrum (premier de la mère). Il n’y a pas de différence car ces 2 liquides possèdent les mêmes molécules.

·       L’audition
Les premières études sur l’audition datent de 1925. C’est la partie la mieux étudiée chez le fœtus. Les différentes structure de l’oreille se développe à partir 24ème jour de gestation et ses structure sont fonctionnelles au début du 3ème trimestre. Les sons que le fœtus perçoit sont transmis par l’eau.
Son environnement et constitué de 2 types de bruits : endogène et exogène.
Les bruits endogènes sont tous les types de bruits biologiques (rythme cardiaque, respiration, bruit gastro, voix…).
Les bruits exogènes sont des bruits venant de l’extérieur (voix maternelle, la musique…). Il y a des bruits qui sont plus atténués par la paroi abdominale (voix du père, fratrie, bruits de la maison…).
Pour que le son atteigne le bébé, l’intensité doit être de moins de 60 décibels.
è Les sons de la mère sont privilégiés par rapport aux autres.
Les nouveaux nés préfèrent la langue de leur mère. Ils préfèrent une berceuse chantée par la mère avant la naissance qu’a une nouvelle berceuse.
Le fœtus entend dès 30 semaines. Les recherches précédentes se sont uniquement basées sur les mouvements du fœtus comme réponse à des stimulations sonores, car les chercheurs envoyaient le son directement au niveau de l’abdomen.
Le processus d’attention, d’habituation et le développement peuvent s’exprimer après la naissance pour certains stimuli, la période fœtale confirme les apprentissages fœtaux.
Granier & Deferre (2005).
Un fœtus dont la maman joue de la harpe quotidiennement va se familiariser avec cette musique.

·       La vision
A la naissance la vision est immature et peut être stimulée in-utéro. Pour un prématuré on sait que le système visuel est fonctionnel avant la naissance. Au bout de 7 semaines, c’est le début de la formation du nerf optique. Au bout de 16 semaines, on observe le mouvement oculaire lent. Au bout de 20 semaines, le fœtus  peut ouvrir et fermer les paupières.
Le système visuel poursuit sa maturation après la naissance. Le fœtus se développe dans un milieu obscur, donc il a un comportement limité. Si on met une forte source de lumière sur le ventre de la mère on observe une réponse motrice du fœtus (Cf. article de la prof). 

3.     Bénéfices et devises de recherches
Il y a 2 tendances :
-        Un avantage de savoir que l’enfant est baigné dans un environnement prénatal
-        Ceux qui pensent que le bébé est agressé et que les parents doivent le protéger à la naissance
Ces recherches se rapportent aux connaissances propres à changer le terme de fœtus en « bébé in utéro » (terme développé par Missionnier, 2008) car on doit le considérer comme étant déjà un membre de la famille.
Savoir qu’au cours du dernier trimestre de la grossesse le fœtus se familiarise avec ses proches, leurs goûts culinaires, la musique de leur langue et tous les bruits qui font parti de l’environnement familiale. Il est sensible aux émotions maternelles. Tout cela favorise le développement de l’attachement des parents pour leur bébé et contribue à construire la parentalité.
D’autres mères se trouvent fragilisées par ces recherches, se sentent investies par la responsabilité de protéger leur fœtus physiquement mais aussi psychiquement.
C’est à partir de l’idée pour que le cerveau se développe il faut le stimuler, qu’il y a eu des universités prénatale pour enrichir l’environnement prénatal et augmenter ainsi le potentiel intellectuel des bébés.
Pour Szejer, ces surstimulations sont de véritables violences prénatales, une atteinte à la liberté du fœtus et à sa personnalité naissante.
Pour Lecuyer, elles sont dangereuses car cet apprentissage forcé casse le rythme naturel du fœtus et peut entraîner un stress prénatal ayant des conséquences sur le développement postnatal (état d’anxiété, altération de la mémoire…).
ð    Le fœtus  vit dans un milieu riche en stimulations qui sont variées. Lorsque le bébé arrive au monde il possède déjà des expériences et il a déjà un répertoire de comportements structurés par des expériences prénatales.

IV.          Rencontres plurielles autour de la naissance

1.     Des conceptions sur la naissance
Il s’agit d’interprétations psychanalytiques
Delassus (2005) « naître est se créer un passage pour changer de monde c’est-à-dire voyager d’un lieu à un autre radicalement différent. C’est quitter l’utérus avec la conséquence de perdre certaines choses et d’en garder d’autre que l’on emporte. Mais aussi en garder des nouvelles pour finalement devoir s’y adapter. »
L’approche actuelle de la naissance qui est à la fois multidimensionnelle et pluridisciplinaire permet que les regards se croisent et que les apports s’enrichissent mutuellement pour un meilleur accueil du nouveau-né. 

Déménagement écologique :
Cyrulnik représente la naissance comme un déménagement écologique : un passage d’une écologie aquatique à une écologie aérienne. Les sens du fœtus qui fonctionnait dans un milieu liquide vont désormais fonctionner dans un milieu aérien. Cependant en déménageant il emporte de son premier monde intra-utérin des souvenirs (sons, odeurs, saveurs, les caresses d’origine maternelle) acquisition et apprentissage, qu’il est de rang à s’adapter à vie aérienne et sociale. 

Le changement radical :
Le bébé quitte complètement un monde pour un autre.
Le changement radical produit par la naissance est attesté par tous les auteurs. Tout change car les sens du nouveau-né sont sollicité directement à l’air libre, alors qu’in-utéro ils percevaient les informations à travers leur mère.
Face à cette séparation décisive et sans avoir le moyen d’y remédier Delassus (2005) parle d’une dépression du bébé à la naissance qui le rend profondément malheureux. 

Plusieurs séparations :
A l’instant de la naissance le nouveau-né vit plusieurs séparations. Le premier est physique, il se détache du corps maternel et des repères qui rythmaient sa vie prénatale. Puis il quitte une modalité d’existence qui ne connaîtra plus. Il perd à tout jamais les 4 éléments (placenta, cordon, liquide amiotique et les membranes qui le constituait).
Titrant « naître c’est s’amputer et à ce moment le bébé doit éprouver des choses extrêmement intenses »
Les angoisse primitives sont liées à ses éprouvés de la naissance que le corps n’oubliera jamais (angoisse d’écoulement, de morcellement, effondrement, de démentelement…).
Leboyer, 1974 « chacun porte en soi le souvenir inconscient de sa naissance »
Pour lui, naître est absolument intolérable car le corps est soudainement projeté hors du corps maternel. C’est le rejet, la perte de l’amour, c’est une violence fondamentale. 

Les rites de passages :
Des auteurs comme Rochette (2002) ont travaillé sur les rites de passages qui entourent la grossesse et la naissance. Toutes les sociétés élaborent les conceptions et les pratiques qui donnent à la procréation biologique un codage culturel.
Il a défini 3 éléments dans les rites de passages :
-        La temporalité psychique qui correspond à la séparation avec l’état d’origine
-        La mise en marge/quarantaine : isolement du bébé et de la maman
-        L’intégration dans la société, avec un nouveau statut acquis à l’issu du passage

2.     Besoin primordial d’autrui et l’accueil du nouveau-né
Le bébé est déjà en relation avec celle qui le porte pendant la vie prénatale. La mère est importante pour sa survie à la naissance non seulement du point de vue des soins primaires mais surtout du fait que ces soins doivent être pensés et pour cela ils doivent inventer un système signifiant, le langage. La recherche / le besoin de la communication constitue un besoin fondamental pour l’être humain qu’à peine sorti de son habitat il réussit à pousser des cris, pousser avec ses pieds vers le sein maternel et lever la tête pour la regarder.
Ajuriaguerra parlait du « regard sortilège » qui est le début de l’interaction mère/bébé qui exerce une sorte d’emprise d’aimantation l’un sur l’autre. Il distingue le « regard sortilège » au « regard vision » qui est le fait qu’un bébé/enfant regarde un objet.
Les capacités du bébé s’exprimeront dans un contexte, d’empathie et de sécurité affective.
Brazelton a montré comment les parents construisent une nouvelle enveloppe sensorielle et affective à travers les voix, les odeurs et la tendresse.
Il est essentiel de respecter le moment primordial de la première heure de la vie quand l’enfant découvre tout à la fois les sensations nouvelles et d’autre qui lui font repères, pour ses parents aussi. Pour que son arrivée ne soit pas trop brutale, le bébé ne doit pas être séparé de sa mère qui fait un « pont » entre le dehors et le dedans.
Les parents ont aussi besoin de sécurité médicale que de sécurité affective, car le respect de cette dernière est nécessaire à l’accompagnement de la parentalité. 


Partie 2 : Les interactions parents-nourrisson et l’attachement

I.     Les interactions

Définition : l’ensemble des phénomènes dynamiques qui se déroule dans le même temps entre un nourrisson et ses différents partenaires. 

A.    Les interactions et modalités interactives
Elles ont 3 niveaux d’action :
-        Interaction comportementales
-        Interaction affectives
-        Interactions fantasmatiques

1.     Les interactions comportementales
Elles constituent la manière dont le comportement de la mère et de l’enfant s’agence l’un par rapport à l’autre.
·       Les échanges vocaux et corporels sont riches au cours des échanges entre la mère et le bébé. La mère et le bébé dialogue également à travers le regard. (ex : l’importance des cris du bébé va contribuer au rapprochement de la mère de celui-ci car elle aura une idée négative de son rôle de mère).
La mère joue le rôle de miroir à travers son bébé. Le regard mutuel va favoriser la construction d’une image de soi du nourrisson différent de la mère.
·       Les échanges langagiers : dès les premières heures la mère et bébé s’engage dans l’échange langagier. Le bébé communique ce qu’il ressent à sa mère à travers ses cris, ses pleurs et plus tard ses vocalise variés. La mère sait s’adapter à la sensibilité acoustique de son bébé dans les premières semaines en donnant à sa voix un timbre plus aigüe. Elle donne parfois l’impression qu’elle chante plus qu’elle ne parle.

Les travaux de Stern sur la prosodie (intonation de la voix) maternelle ont démontré une évolution de celle-ci au fil des mois. Le « parler bébé » c’est la simplification syntaxique, répétition des mots, lenteur, augmentation de la hauteur du timbre vocal est adapté à l’âge.
Chez le nouveau-né les pauses silencieuses sont plus longues que l’émission langagière, le rythme est régulier adapté au rythme du bébé. Vers 4 mois, les mots sont plus souvent répétés, les mimiques renforcées. La mère exerce des variations prosodiques et rythmiques sont importantes pour maintenir le rythme de l’enfant. De 12 à 24 mois, le contenu du langage de la mère change, désormais elle désigne les objets de l’environnement à l’enfant et communique à leur propos. La parole maternel facilite et soutient l’exploration de l’environnement. 

2.     Les interactions affectives
Entre les interactions comportementales et affectives il y a les comportements de tendresse mère/nourrisson (caresses, bisous) ou encore interaction corporelle cutanée (changement de position). Il s’agit de l’ensemble des échanges médiatisés par la façon dont l’enfant est tenu , soutenu, maintenu par la mère et la façon dont il y répond. Les interactions permettent de créer un attachement entre les parents et le bébé. Le sourire du bébé est un comportement efficace et gratifiant à l’égard de mère ou d’une autre personne. On parlera d’interaction harmonieuse ou disharmonieuse en fonction des ajustements des comportements entre la mère et le bébé. Elles sont les influences réciproques de la vie émotionnelle du bébé et celle de sa mère. Le dialogue affectif va se préciser vers 6-8 mois.
Stern parle de l’harmonisation des affects ou de l’accordage affectif. Elle permet à la mère et au bébé de faire une expérience de communication intersubjective ou aux 2 partenaires une intimité profonde ce qui donne au bébé de se sentir compris et accompagné de ses émotions. 

3.     Les interactions fantasmatiques
Les psychanalystes ont introduit se concept pour expliquer la manifestation inconsciente de l’interaction comportementale. Pour les parents c’est la manifestation de l’enfant imaginaire, c’est le lieu des projections et de l’anticipation parentale. Elles peuvent être positives (scénario positif de ce que va être l’enfant) et mortifères (toutes les angoisses liée à l’enfant). La vie imaginaire et fantasmatique du bébé se construit progressivement à partir de celle de ces parents (angoisse de séparation de la mère provoque la même angoisse chez le bébé).
Chez un nourrisson en bonne santé, les interactions qui vont faciliter un développement affectif harmonieux sont caractérisées par une disponibilité affective de l’adulte, une souplesse des réponses de l’adulte et une stabilité, une continuité et une cohérence dans les temps. Lorsque ces connaissances ne sont pas réunies les interactions seront perturbées dans leurs différents niveaux d’expressions. On verra apparaître des symptômes cliniques chez le nourrisson pouvant signifier une insuffisance dans l’attachement avec carence affective soit un défaut de protection avec envahissement de la relation par les angoisses de l’adulte. 

4.     Le père dans l’interaction
Cyrulink (1989)
Il définit le style du père et résume ainsi la différence : il est plus stimulant que la mère, les performances alimentaires sont supérieures si il l’alimente au biberon, il le toilette moins mais joue plus, il sourit moins, vocalise moins, il « pinçouille » plus, il empaume plus (prend par la paume des mains). Il joue au lancé de bébé : effectue des mouvements d’ascenseur qui provoque chez le nouveau-né un très vif intérêt. Les mamans réalisent une interaction par l’intermédiaire d’un objet alors que les pères utilisent leurs mains. Les mères sont plus tranquillisantes et intellectuelles, alors que les pères sont plus excitants et manuel.
Jean Le Camus (1995)
Il différencie le dialogue phasique avec le père et le dialogue tonique avec la mère.
Le dialogue phasique privilégie le canal tactilo-kinesthésique, le contact direct sans objets. Le dialogue tonique c’est le maintien des postures qui se fait de manière lente et continue. Il est de type visio-distal (à travers le regard et à distance). 

B.    La dynamique interactive et l’orchestration des échanges
Le bébé et ses parents sont actifs dans les échanges. Le rôle des parents est évident mais le rôle du bébé l’est moins.

1.     Le bébé partenaire
Le bébé est un partenaire à part entière dans l’interaction. Il a des compétences et une personnalité. Il influe sur les échanges avec sa mère par la particularité de son fonctionnement dans les premiers mois (au départ l’enfant est un étranger et la mère essaie de s’y adapter, jusqu’à ce que ce dernier se développe, la mère parvient à le comprendre et répondre à les attentes). C’est par son corps et sa sensorialité que le nourrisson communique avec sa mère. Dès les premières heures, le bébé suit des yeux le visages de sa mère, prend plaisir aux jeux d’imitation réciproque (tirer la langue, ouvrir la bouche) et lorsque ses besoins sont satisfait il devient calme et attentif. Selon qu’il soit stimulé par son entourage, il va stimuler ses états des veilles et ses interactions avec ses différents partenaires. 

2.      L’orchestration des échanges : le modèle transactionnel
Le modèle transactionnel s’énonce comme suit : Dans ce modèle l’environnement d’une part père, mère d’autre personnes avec lesquels le bébé interagit, et d’autre part le nourrisson s’influence réciproquement dans un processus de développement et de changement. L’interaction parents/nourrisson apparaît comme un processus dynamique d’adaptation mutuelle qui se déroule dans le temps.
La spirale transactionnelle a été décrite par Escalona (1968). A chaque étape du développement du nourrisson correspond un stade de parentalité et une nouvelle configuration de l’interaction. Cette dynamique d’adaptation des parents au niveau du fonctionnement de l’enfant favorise le déploiement des compétences du bébé.
Lamour et Nukuka (1959)
Quand l’adaptation mutuelle est difficile, parents et nourrisson s’engage dans une spirale transactionnelle néfaste où prédomine les modes interactifs inadéquates. 

3.     La triade père-mère-bébé : un système d’encadrement du développement
Pour Lamour, la triade apparaît comme unité primaire à l’intérieure de laquelle se construise les différentes dyades (duos) père-mère, père-bébé et mère-bébé. La triade permet l’organisation développementale (tout ce qui entoure le développement de l’enfant) et donne l’occasion au membre de la dyade de se différencier, de se séparer et de s’individualiser. 

II.  Les axes du développement
La dynamique interactive permet de comprendre le développement de la parentalité, de l’enfant et l’instauration des liens 

A.    Le développement de la parentalité
Elle peut se définir comme l’ensemble des réaménagements psychiques et affectifs qui permettent aux adultes de devenir parents. C’est-à-dire de répondre aux besoins de leurs enfants à  3 niveaux : du corps (les soins nourriciers), de la vive affective et de la vie psychique. On parle de maternalité pour la mère et de paternalité pour le père (Bedert, 1959). Les parents dont une place physique et psychologique au bébé pour accompagner son développement. 

1.     La maternalité
Ce processus est continu et se développe toute la vie. La mère s’engage dans la maternité avec sa personnalité, son histoire personnelle, l’histoire de son couple et en fonction des évènements plus actuels. Elle va puiser dans ses premières relations, dans sa petite enfance dont elle se souvient inconsciemment. Cet enfant qui se développe dans son ventre, la mère l’a porté depuis longtemps dans sa tête. C’était d’abord l’enfant des profondeurs, l’enfant de l’inconscient qu’elle a espéré.

Partie 3 : Le développement du langage
I.      Le « motherese » dans l’acquisition du langage
1.     L’émergence de la parole
Pour parler, un enfant a besoin d’un cerveau équipé pour la parole (les bases neurologiques du langage et d’un appareil auditive fonctionnelle (pour la réception des messages) et d’un appareil phonatoire permettant le langage articulé (pour la production des messages), d’entendre parler des langues autours de lui et d’avoir envie de communiquer avec autrui.
Selon Boyssoov Bardies, 1996 « le langage se construit par un jeu d’ajustement entre l’équipement génétique et physiologique d’une part et les effets d’expérience avec la langue parlée par les parents d’autre part ».
Schoener, 2005
Les techniques d’imagerie fonctionnelles montrent que dès la naissance les zones cérébrales sollicités chez un bébé à l’écoute d’une histoire sont les mêmes que chez l’adulte et se situent dans l’hémisphère gauche. Par ailleurs, le cerveau disposent de systèmes pré-organisés mais très élémentaires qui vont être modifiés par l’expérience elle-même. L’expérience jouant ainsi un rôle fondamental pour l’enfant.
Le monde selon le bébé, Dupoux & Mehler, 1990
Pour les psycholinguistes dès la naissance « le bébé est un expert en phonétique », car il possède des capacités universelles sur le plan de la capacité de parole. Par exemple il peut distinguer tous les phonèmes de toutes les langues, faculté qu’ils perdront au cours du 2ème semestre quand ils sélectionneront les phonèmes de la ou les langues parlées par leurs parents. Grâce à leur capacités innées à segmenter, discriminer et catégoriser la parole, ils vont pouvoir isoler des phrases dans le discours puis les syntagmes (un mot ou un groupe de mot dans la phrase : organisation de la phrase), des formes sonores des mots (vers 7-8 mois) avant de saisir le sens des mots entre 9-10 mois.
Par une façon particulière de parler au bébé et aux jeunes enfants, les adultes et surtout la mère contribuent largement à l’acquisition du langage sous ces 4 aspects phonétiques, sémantique, syntaxique et pragmatique (l’utilisation des mots selon le contexte).
2.     Le langage des adultes adressé aux enfants (LAE)
Différents termes sont utilisés pour définir ces comportements langagiers spécifiques : le « motherese » est le plus courant mais il existe aussi le « baby talk » et IDS (Infant Directed Speech) ; en français « mamanais ». Ce langage exclusivement destiné aux jeunes enfants façonne sa découverte de la parole. Selon Trevarthen & Aitken (2003) « il s’organise en phrases répétées, crée des narration d’émotion (ce que la maman raconte) au rythme lent, changeant et cyclique ».
A.    Les particularités du « motherese »
La prosodie (l’intonation de la voix de la mère) et la mélodie de la voix de la mère, forme un spectrogramme (pics prosodiques, coupures nettes entre les segments sonores, variation d’énergie, prolongement des voyelles), un registre de voix plus haut que d’habitude, des modulations et des variations d’hauteurs très exagérées, des formes mélodiques longues et douces et un ralentissement de la prononciation.
Sur le plan de la forme des énoncés : ils sont courts, sans complexités, ni lexical, ni syntaxique et ponctué de reformulation avec une articulation plus soignée. Les interrogations qui ponctuent chaque fin de phrase, les exclamations, les pauses, les onomatopées répétées donnent un rythme qui se trouve amplifiées par la prosodie.
Sur le plan du contenu, il regorge de mot tendre et d’encouragement qui renforce le narcissisme du nourrisson et favorise le dialogue. Le « motherese » se réajuste et se remodèle en fonction des capacités évolutives (développement) de l’enfant. Si les caractéristiques prosodiques du « motherese » se retrouvent jusqu’à 3 ans, le style et le contenu se modifie pour lui faciliter l’apprentissage des mots nouveaux et la compréhension des phrases.
Le « motherese » est au cœur de l’interaction affective entre les deux partenaires. Il s’accompagne d’une communication non-verbale, très riche qui soutient le dialogue surtout pendant la première année (ex : les regards, les gestes de tendresse, les sourires, les rires, les imitations, les ajustements de postures et expressions faciales). Les réactions du bébé améliorent les courbes de prosodies chez la mère.
Dès le départ la mère s’adresse à son bébé comme si il comprenait et comme si il était capable de penser et de parler comme elle. Elle accueille ce qu’il produit et le répète en lui donnant du sens. Entre 3 mois et 1 an, elle reprend, modifie ce qu’il semble dire à l’aide de ses productions vocales.
Rabain-Jamin & Sabeau Jouannet (1989) « c’est au cours de la première année qu’un enfant entendra ainsi le plus grand nombre de forme pronominale pour désigner sa propre personne ».
Tantôt la mère va tenir son rôle à elle et lui parler en lui disant « tu », tantôt en disant « il », tantôt elle parlera pour lui en disant « je » ou « moi ».
B.    Son rôle dans l’acquisition du langage
Trois grandes fonctions peuvent être attribuées au LAE :
-        l’engagement de l’attention
-        la communication de l’affect favorisant l’interaction sociale
-        l’enseignement du langage
Le « motherese » sert à attirer l’attention du tout petit pour établir un contact affectif et solliciter les échanges en facilitant la communication.
Entre 10 et 16 semaines la conduite de « turn talking » fait du bébé et de sa mère des partenaires de paroles et poses les fondations de l’interaction linguistique à venir en soulignant le rôle de la dynamique de l’interaction sociale.
Burner (2002) « s’ouvrant progressivement à tout l’environnement social de l’enfant, les conventions conversationnelles le sensibilise au règles du dialogue et de la prise de parole chacun à son tour. Il permet à l’enfant de se sentir un interlocuteur en donnant un statut de véritable mot (on considère que ce qu’il dit est vrai) à cette production vocale. Les enveloppes narratives dynamiques, des sons de la mer, leur ton et autres qualités changeantes sont nécessaires au développement de la conscience de soi et de l’autre et du bien-être émotionnel chez le bébé ».
Le « motherese » favorise la perception de la parole en aidant  à la reconnaissance de la langue dans ses aspects prosodiques ce qui permet à l’enfant de mieux saisir les indices qui servent à découper le continuum sonore. Il participe au développement lexical à travers des stratégies des adultes qui vont aider l’enfant à extraire le mot ainsi que sa compréhension. Par exemple une stratégie prosodique en mettant plus d’intonation sur le mot ou syntaxique en mettant le mot à la fin de la phrase. Il aide l’enfant dans sa construction cognitive en le soutenant dans son effort de représentation et de catégorisation du monde. Il permet d’identifier objets et activités, dès lors que la mère ou l’adulte référent propose le mot qui correspond à l’objet que l’enfant investie de son intérêt (objet qui intéresse l’enfant). Le mot contribue ainsi à distinguer l’ensemble de la situation où il se trouve inclus.
C.    Le « motherese » est-il universel ?
Le bilan des recherches psycholinguistiques mené depuis une vingtaine d’années permet de conclure qu’il existe de grandes variations culturelles mais qu’elles ne doivent pas masquer des comportements langagiers spécifiques des adultes à l’adresse des bébés (même si c’est universel il y a toujours des particularités en fonction des cultures) pour les faire entrer dans la communauté du langage. Ce qui est très général sinon universel, c’est un mode spécial de communication adulte-enfant mais qui peut varier en fonction des sociétés. Certains groupes sociaux ont ritualisé l’apprentissage de la parole avec pour objectif principal d’intégrer l’enfant à un groupe social très fortement organisé et structuré. Dans son groupe il doit connaître sa place, savoir jouer son rôle, alors que dans d’autres cultures les mères favorisent d’avantage les relations affectives et les performances individuelles de l’enfant pour en faire un locuteur précoce. (Bardies, 1993, 2005)
Visant à rendre compte des relation entre « motherese » et acquisition du langage, Snow (1995) et son équipe font l’hypothèse d’un continuum présentant 2 pôles correspondant à 2 manières de fournir un contexte au énoncés de l’enfant dont les sociétés occidentales, la mère ou l’adulte familier utilise le contexte sémantique pour insérer le comportement verbal de l’enfant dans une séquence conversationnel. Alors que dans les sociétés non-occidentales, l’adulte ne s’ajuste pas verbalement mais lui impose des énoncés complexes dans les cadres des routines que lui fournissent les points de repère prédictibles.
En 1995 Snow confirme que les modifications d’ordre lexicales, chronologiques et prosodiques du « baby talk » décrite pas Ferguson (1977) s’avèrent largement universelle, ce qui rejoins les travaux de Boysso-Bardies. Cependant chaque société possède des formes prescrites de « motherese » distinctes des formes du langage de l’adulte.
Boysson-Bardies « les parents n’enseigne pas la langue à leur enfant, ils leur fournissent des modèles de la langue et modèles culturels. Les enfants vont relever dans le modèle de leur langue les indices qui leur permettront de saisir la structure et le sens des énoncés. Et dans le modèle de leur culture les formes sociales de leur statut d’interlocuteur ». 
Partie 4 : Conclusion
Cette étude de l’acquisition du langage a bien suivi la même évolution historique que l’ensemble de la psychologie. Les différentes conditions d’acquisition et de fonctionnement du langage prise en compte sont la maturation neurologique, le milieu socioculturel, les différences entre les individus et l’éducation. Si l’intervention de tous ces facteurs est généralement admise, le poids respectif accordé aux uns et aux autres varie en fonction des positions théoriques des auteurs.
Pour la tendance empiriste, le langage est acquis grâce à une capacité générale d’apprentissage associatif (Richelle, 1976) et pour la tendance innéiste, grâce à l’intervention  d’une structure spécialisée propre à l’homme (McNeill, 1970). Pour la tendance constructiviste, le langage est acquis comme les autres fonctions cognitives grâces à l’activité du sujets et à ses échanges avec le milieu (Sinclair de Zwart, 1967 ; Bronckart, Kail & Noizet, 1983). Enfin, une tendance plus récente souligne le lien entre la socialisation de l’enfant et le développement du langage et de la communication (Oléron, 1979 ; Beaudichon, 1982 ; Bernicot & Trognon, 1997).


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