mercredi 15 mai 2013

Approche psychohistorique du métissage (Sironi)

Le mot « mondialité » est à différencier du terme « mondialisation » qui est un terme économique.
Mondialité : échange généralisé des idées + circulation migratoire comme jamais auparavant. C’est pourquoi le contact entre les idées, les mondes, est devenu une modalité de la pensée contemporaine, une manière de voir le monde. Les cultures ne sont plus « pures ». Il y a des métissages.
Conséquence pour la psychologie des sujets, des êtres : les situations d’acculturation sont nombreuses et diverses. L’acculturation définit la manière dont les peuples et les individus rentrent en contact avec d’autres. Nous allons étudier dans ce cours l’étude au niveau individuel.

La définition de George Devereux (ethnopsychiatre) : « l’acculturation recouvre l’ensemble des phénomènes résultant d’un contact continu et direct entre groupes d’individus appartenant à différentes cultures ». Ces contacts aboutissent à des transformations affectant les modèles culturels d’origine des peuples ou des individus de l’un ou des deux groupes.

L’acculturation L’étude des transformations des groupes et des individus qui sont en contact avec d’autres cultures.

Il y a différents types d’acculturation. Il y a tout d’abord des acculturations positives, favorables où la transformation entre les groupes produise de la richesse et il y a également des acculturations antagonistes, acculturation qui produisent de la résistance à la diffusion de l’autre culture, une opposition à cette rencontre avec une autre culture. Il y a aussi des acculturations que l’on peut qualifier de souples : identification partiel à la culture des autres. Il y a aussi l’acculturation totale : assimilation à la culture de l’autre – la culture d’origine disparait totalement au profit de l’autre culture. L’acculturation totale = les sujets se pensent avec le regard de l’autre culture. Là où cela peut poser problème c’est par exemple en situation de colonisation (quand le colonisé se regarde avec le regard de son colonisateur par exemple). En Australie, on appelle les « noix de coco » les personnes qui sont noir à l’extérieur et blanc dedans. Il y a aussi les Indiens d’Amérique du nord dans le cas d’acculturation totale que l’on appelle les « pommes » : rouge dehors et blanc dedans.

La deuxième conséquence d’être à l’aire de la mondialité : l’émergence des métis culturels et des métis identitaires.
Les métis culturels sont des sujets qui sont nés d’origine culturelle et de langue différente. Les parents hébergent en leurs enfants des mondes culturels différents de manière simultanée. Les deux cultures sont en même temps en l’enfant. Ces enfants sont porteurs de multiplicité.
Les métis identitaires sont des sujets qui ont connu au cours de leur existence une expérience d’acculturation ou qui ont fait une migration intra-culturelle ou interculturelle. Les métis identitaires sont aussi des personnes qui ont connu des expériences de mutation sociale (ce changement de monde socio-culturel a une influence psychologique sur le sujet : ex > on né dans une famille pauvre et on devient président.

Les métis culturels portent en eux la multiplicité (ils portent simultanément deux mondes en eux) et les métis identitaires (changement consécutif de monde) sont ceux qui ont changé de monde culturel, de monde social etc.

« Ivresse de la métamorphose » Livre intéressant

Les repères historiques du métissage

L’aire de la mondialité a commencé en 1580. C’est la naissance de la mondialisation. Commence un long et lent processus du métissage ; Les Espagnols et les Portugais font la conquête de l’espace maritime planétaire. C’est le début de la colonisation européenne. Jusqu’à la révolution dans les sociétés européennes, les sociétés étaient très cloisonnées. Les vêtements étaient codifiés. Quand on était artisan, la chaussure devait faire une certaine longueur par exemple. Elles ne devaient pas être plus longues que celles des aristocrates. Si on était négociant, on ne pouvait pas porter tel vêtement porté par les aristocrates. On ne pouvait pas porter des vêtements qui n’appartenaient pas à notre classe sociale et ce, même si on avait de l’argent. Il y a toujours eu des transgresseurs, des passeurs de monde, pour braver les interdits socio-culturels. Les aristocrates réfléchissaient sur l’état du monde et tout cela a abouti à la révolution en France de 1789.

Le temps des colonies et de l’esclavage Avec l’aire de la mondialisation, il y a eu déportation de 60 millions de noirs : au Gana il y a la « porte du non-retour », les gens partaient en esclavage. Cette période a engendré le métissage culturel.

Les mouvements de libération et les guerres d’indépendance jusque dans les années 80. On va voir comment se fait la construction identitaire des sujets par rapport à cette question d’appartenance culturelle. Ben Laden est un métis identitaire qui a été parfaitement acculturé et ensuite il y a eu un revirement identitaire qui arrive souvent dans le parcours psychologique des métisses culturels. Ben Laden a connu un revirement. Il s’est identifié de façon très forte à la culture américaine puis tout d’un coup, il s’est construit dans l’autre segment de sa culture en la rigidifiant.

L’aire du post-colonialisme On repère la fin de la pensée binaire, la fin du communisme avec l’avènement de la multiplicité en soi, autour de soi, donc une difficulté de développement identitaire.
Aujourd’hui, on a beaucoup moins de névroses dans les souffrances psychiques, d’hystéries comme c’était le cas à une époque où il n’y avait pas beaucoup de circulation sociale entre les mondes. Aujourd’hui les sujets ont des problématiques identitaires (borderline, état-limite)… La multiplicité est une richesse mais c’est aussi un complexe dans la construction identitaire. C’est pour cela que certains sujets font des choix de repli rigide : ex > islam : parce qu’il y a une lisibilité, un coran, on donne des règles…
Le but de l’accompagnement psychologique est d’aider un sujet à se construire en évitant des rigidification, pouvoir l’aider à se construire dans la multiplicité, à trouver sa voie à l’aire de la mondialité.

Etude clinique du métissage « Quels sont les points communs aux métisses culturels et aux métisses identitaires ? »

  • Une réflexion sur le regard du clinicien sur les métisses culturelles. Il faut considérer les métis culturels dans ce qu’ils sont porteurs de neuf et non pas dans ce qui pourrait les appauvrir. Il faut les appréhender dans leur différence et non pas chercher à les faire entrer dans des catégories nosographiques. Ce sont des difficultés psychologiques mais ce ne sont pas des états-limites.
  • Les métis culturels ou identitaires n’ont pas de moules, pas de modèle identificatoire préexistant. Ils vont avoir toute sorte de stratégies identificatoires et ces stratégies identificatoires sont très conscientes. Pour sortir de cette absence de moule, s’ils sont dans cette difficulté d’identification identitaire, ils peuvent avoir tendance à aller chercher des affiliations rigides en se convertissant à des mondes très structurés, des sectes… Si les deux parents se disputent autour des traditions culturelles, l’enfant va se vivre comme le porteur des paradoxes entre ces deux mondes culturels. Les métis culturels se perçoivent très tôt comme ayant une étrangeté en eux.

« Quel est le parcours psychologique des métis culturels et identitaires ? »

  • Première phase > ils vont chercher à s’identifier à l’un des deux pôles culturels au détriment de l’autre. Ils vont avoir tendance à faire un choix, à s’affilier à l’un des deux pôles. Ils vont s’identifier à l’appartenance culturelle la plus favorisante à leurs yeux. Ils vont avoir tendance à chercher, à avoir des comportements spécifiques à l’une des cultures. Ils vont adopter des stratégies au détriment de l’autre. Cela peut provoquer des difficultés relationnelles.

  • Deuxième phase > Les choses s’inversent. Ce deuxième temps apparait généralement à l’adolescence à la faveur de l’autre appartenance culturelle, celle qui était auparavant le moins valorisée à leurs yeux. Cette nouvelle culture est vécue sur un mode exclusif, on va reprendre les signes culturels de la langue qui était avant la moins valorisée à nos yeux (on va apprendre à parler la langue, on va avoir un petit-ami de cette origine etc.)
  • Accès à l’unicité dans cette multiplicité. Le métis est « condamné » à faire du neuf, il est porteur de multiplicité. Les métis culturels savent que le monde n’est pas fait que d’un seul monde, ils vont pouvoir innover, métisser, faire des constructions.

Le métissage, soit ça passe, soit ça casse. Si ça casse, cela peut faire beaucoup de dégâts psychiques mais également culturels. La solution dans ce cas et le repli identitaire, c’est un des choix possibles.
Les métis ont des manières d’être au monde assez particulières, à part, décalées, différentes.
Le mythe culturel « le vilain petit canard » le conte d’Andersen. Le vilain petit canard se sent différent, à part et finalement il va être contraint à partir. Plus tard, il va croiser des cygnes, devenir cygne à son tour et comprendre qu’il vient d’un autre monde il restera toujours un peu « canard ».
Les métis culturels et identitaires sont généralement très adaptatifs. On parle de sujets « alloplastiques » c’est-à-dire qu’ils ont une très grande plasticité psychique, cérébral et donc ils s’adaptent. Généralement, ils ont une très grande facilité à apprendre les langues, ils sont polyglottes parce qu’ils ont déjà « plusieurs langues dans leur berceau » Il ne faut jamais forcer un enfant à parler la langue d’origine. Ils sont aussi très empathiques (capacité à comprendre les pensées des autres, ressentir les affects des autres). Ils peuvent aussi avoir un « faux-self » l’hyper adaptation poussée peut donner l’illusion d’une identité d’emprunt (on est à l’aise partout). Ils ont un rapport performatif à la culture : l’identité, on la pratique. Ils aiment communiquer avec ce qui est éloigné : ils préfèrent les liens à distance (ce qui est loin, neuf, est préféré au connu, à ce qui est proche de la culture). Ils vont occuper dans les groupes une position d’« extime » (propriété d’être infiniment), celle qui est la plus en « dehors » du « dedans » (ils ne vont pas être leader), ils vont être à la marge. Les métis culturels parce que ils sont porteur de multiplicité vont aimer ce qui est simple : des manières d’être très simple. Soit on est dans la multiplicité intégrée de ses différentes facettes, soit on est dans un désir de simplicité, de pureté.

Le parcours du métisse culturel – pour lui son parcours peut avoir des accros ou des échecs dans la construction identitaire Dans ce cas, cela créera une psychopathologie spécifique au métis culturel.
Dans la psychothérapie, l’accompagnement sera un accompagnement de construction identitaire. On va faire en sorte qu’il soit un être libre, libéré des doutes identitaires, de la culpabilité vis-à-vis d’un parent etc. S’il y a symptôme, lesquels sont-ils ?

  • On retrouve des doutes en permanence, de l’ambivalence (deux choses coexistent à l’intérieur de soi et on n’arrive pas à faire des choix).
  • ils vivent des flous identitaires (ils ne savent pas qui ils sont).
  • ils sont enclins à avoir des absences de repères structurants, rien ne tient.
  • faux-self  on se construit des identités tout en sachant que ce n’est pas vraiment nous.
  • terreur à l’idée d’une attribution d’identité parce qu’on nous considère, on nous pense comme un sujet et nous au fond, on se dit que la personne nous pense « plus riche que ce que l’on est » - cela peut générer de la phobie sociale par peur que l’on ne nous pose des questions par exemple (terreur à l’idée d’attribution de l’identité parce qu’on ne sait pas nous même ou on en est).
  • vécu de honte autour des histoires de métissages, de langue, de couleur de cheveux, de peau etc.
  • On peut trouver des cas graves de haine de soi par introjection de la haine de l’autre : on s’approprie la haine de l’autre > Ils vont se voir comme la culture majoritaire les voit. On va se voir avec les yeux d’autrui.
  • vécu dépressif
  • mensonge et mythomanie (très fréquent) notamment dans le cas des enfants adoptés (métisses identitaires) parce qu’ils se construisent une histoire, une identité (ils se racontent des mythes autour de leur origine).
  • l’auto engendrement = « l’indépendance » = l’idée qu’ils se sont fait tout seul, qu’ils ne comptent sur personne pour se construire.
  • des difficultés à canaliser leur agressivité : soit elle déborde – difficulté à contenir une agressivité qui était insoupçonnée, difficulté à gérer l’agressivité – soit elle est extrêmement canalisée (difficulté dans l’expression de l’agressivité).

Analyse de Bob MarleyUne manière d’être au monde

Bob Marley est né en Février 1945 en Jamaïque et est mort en 1981 à 36 ans à Miami.

Bob Marley est le fils d’un militaire blanc d’origine anglaise né en Jamaïque, capitaine de la Royal Navy : Norval Marley – très peu connu par Bob. À 50 ans Norval a eu une idylle avec une jeune femme noire de 18ans : Cedella Marley Booker, née Malcolm. Les parents de Norval Marley n'acceptaient pas sa liaison avec une femme noire et Norval, décrit par Cedella comme un homme gentil, mais de faible caractère, aurait été rejeté par sa famille. De leur liaison est né Bob Marley. Bob Marley n’a jamais vécu avec son père et a souffert de son absence, c’est ce qui l’a fait venir à la capitale pour étudier quand il avait cinq ou six ans.

Il y a un métissage dans la musique de Bob Marley. Bob est porteur d’un discours de liberté. Dans son métissage il y a une dimension politique. Quand il est devenu célèbre, son talent a été reconnu par sa famille. Bob Marley se décrit comme timide et réservé. Il se sent à part et est effrayé à l’idée que l’on lui attribue une identité. Profession Il était soudeur de métier. Il s’est marié à l’âge de 16 ans.

Bob Marley n’a pas fait d’études. Il a travaillait en usine. Il chantait des cantiques et des succès de soul américaine. Bob Marley enregistre sa première chanson Judge Not pour le producteur Leslie Kong, du label Beverley's, en 1962, à l'âge de 17 ans, ainsi qu'une reprise d'un succès de country & western de Claude Gray : One Cup of Coffee en 1962. Ces titres ska n'ont aucun succès, mais Bob continue à s'investir dans la musique. Il croyait en lui, en le fait qu’il y avait de la nouveauté à donner.

À Kingston, c'est Mortimer Planno, un rasta jamaïcain d'origine cubaine qui a voyagé en Éthiopie et rencontré Haïlé Sélassié Ier au début des années 1960 qui lui transmet une partie de sa culture rasta. Sans le soutien d'un distributeur professionnel, ses disques se vendent très mal, et Bob Marley est trop pauvre pour vivre en ville avec sa femme Rita et ses deux enfants Cedella et Ziggy. Il retourne dans son village natal en 1967 pour un ressourcement spirituel, mais continue à enregistrer et à publier nombre de 45 tours obscurs pour sa petite marque Wail'n Soul'm, comme les futurs classiques Hypocrites et Nice Time, qui sortent sous le nom de Bob Marley & the Wailers.

Sans ressources, Bob Marley repart aux États-Unis rejoindre sa mère en 1969. Il travaille plusieurs mois, de nuit, dans une usine automobile Chrysler. Sa femme et ses jeunes enfants le rejoignent.

Les étapes de sa construction identitaire

Bob Marley est un Jamaïcain pauvre. Il nait à la campagne puis grandit dans un ghetto des États-Unis. Il est d’une culture d’opprimés. Il chante des textes politiques. Il est compositeur, innovateur dans le monde du reggae et ses paroles sont un combat. Toutes ses chansons sont l’illustration des minorités. « No woman no cry » est le titre qui le fait connaitre.
A l’époque, il y a ce qu’on appelle le rastafarisme: c’est une religion minoritaire créée par Markus Garvey Marcus Mosiah Garvey plus connu sous le nom de Marcus Garvey participe à la lutte des travailleurs noirs et fonde divers journaux. Il fut le premier homme noir dans l'histoire des Etats Unis d'Amérique à conduire et à développer un mouvement de masse. Il a donné à des milliers de noirs le sens de la dignité. En 1927 dans une église de Kingston (capitale Jamaïcaine) , il fait une prophétie : " Regardez vers l'Afrique où un roi noir sera couronné car le jour de la délivrance est proche ".En effet en 1930 RAS TAFARI MAKONNEN est couronné Empereur, il sera maintenant appelé HAILE SELASSIE I :(pouvoir de la sainte trinité). Marcus Garvey est considéré comme un prophète (il prédit l'avenir). Il dira d'ailleurs d'autres phrases : " nous sommes issus d'un peuple ayant souffert , nous sommes les descendants d'un peuple déterminé à ne plus souffrir " .
***Les rastas issus du rastafarisme (religion rasta) sont les descendants des esclaves apportés par les blancs par bateaux négriers en Jamaïque. Venant de diverses prophéties, mythologies et légendes, le rastafarisme a pour dieu JAH RASTAFARI: plus connu sous le nom d'Hailé Sélassié I l'ancien empereur d'Ethiopie.***

Bob Marley n’était pas très religieux mais sa musique fait toujours référence à la religion Cela était en quelque sorte une quête de ses origines.

Lorsque l’on pense à la communauté rasta, on pense à la Jamaïque ou à l’Ethiopie. Or c’est au Ghana que l’on compte le plus de rastas en Afrique. Le Ghana accueille la plus grande population de rastas d’Afrique. Rita Marley, veuve du légendaire Bob, y a même élu domicile et ouvert un studio ainsi qu'une fondation. Reconnu pour sa tolérance, le pays fait figure d’exception et attire les adeptes de Jah venus d’Afrique, des Etats-Unis et de Jamaïque. Stable politiquement, viable au niveau économique, le Ghana représente un bon compromis entre l’idéologie rasta du retour en Afrique —la Terre Mère— et des préoccupations plus terre-à-terre de qualité de vie.

«Je ne suis ni Ghanéen ni Togolais, explique Courage Man Jah. Le vrai rasta n’a pas de nationalité mais sait que l’Afrique est la première terre des rastas, comme du reste de l’humanité. L’Afrique, c’est la source. Quand un rasta arrive, il embrasse la terre en sortant de l’aéroport.» 

Le Liberia, en forme longue la République du Liberia ou la République est un pays d'Afrique de l'Ouest bordé au sud par l'océan Atlantique, au nord-ouest par la Sierra Leone, au nord par la Guinée et à l’est par la Côte d’Ivoire. Première nation d'Afrique à avoir obtenu son indépendance en 1847, le Liberia est présidé depuis le 16 janvier 2006 par Ellen Johnson-Sirleaf, co-récipiendaire du prix Nobel de la paix 2011, première femme du continent africain à être élue à la tête d'un État.

Bob Marley est également dans une « quête de reconnaissance par les blancs » il déménage dans le quartier chic blanc (dans la rue de l’espoir). Les noirs étaient interdits dans ce quartier. Bob Marley peint sa maison aux couleurs du rastafarisme. Il sort avec une miss Jamaïque blanche. Il était polygame selon ses origines africaines En trente-six années, Bob Marley a eu douze ou treize enfants d’une dizaine de femmes différentes. Une progéniture qui a suivi le chemin paternel puisque la plupart des rejetons Marley sont devenus chanteurs...

Bob sème la zizanie. Il est dans une quête d’intégration, son métissage est planétaire. On retrouve dans son discours un message universel. Les métis sont des diplomates, des négociateurs entre deux mondes. Le métis est un passeur de monde.

Une manière d’être au monde

Bob Marley est dans un parcours de dépassement du binarisme (Ensemble des procédés d'analyse linguistique issus de la théorie phonologique de R. Jakobson, qui réduisent les rapports entre les unités à des oppositions binaires.). C’est un être hyper-adaptatif à la grande plasticité psychique. Tout le monde l’aime. Il n’est pas comme les autres, il est porteur de création.

Bob Marley a fait évoluer la musique traditionnelle succès 1973 -1981. Il a inversé « temps fort », « temps faible » (le bit). Il rend des sons très particuliers avec la guitare, des sons originaires d’Afrique. Il trouve le moyen de produire de l’écho. Il y a une quatrième bite et toujours un silence
« Natural mystic» = il y a un son très profond. Bob fait des concerts pour la paix, pour la naissance du Zimbaoué. Il crée des morceaux qui dénoncent des choses qui ne sont pas cohérentes. Depuis le début il joue les mêmes choses mais de manière différente.

Repérage des failles identitaires

Problème de délimitation du dedans et dehors. (Bob Marley a eu un mélanome, un cancer de la peau.) Il avait du mal à gérer l’agressivité. Il était très pur et ne fumait que des choses pures. Bob est sorti avec la fille du président du Gabon. Lors d’un concert, Bob Marley laisse éclater son agressivité : cela vient de toutes ses contradictions.

Comment se protéger ? Il a été victime d’un attentat chez lui : 6 hommes armés lui ont tiré dessus. Sa femme et lui-même ont été touchés. Il a été attaqué car il représentait le métissage. Il était critiqué par des Africains.

Il part s’exiler à Londres où il fait un concert de réconciliation politique – il a évité une guerre civile en Jamaïque : Les deux dirigeants ont été réunis. La mission de Bob Marley était accomplie.
Bob Marley a un mélanome. Ce cancer n’est pas anodin. Bob a caché sa maladie : il continuait à faire ses concerts. En 1980, après une perte de connaissance lors d'un jogging à Central Park à New York, Bob Marley passe un examen aux rayons X où l'on découvre cinq tumeurs, trois au cerveau, une aux poumons et une à l'estomac : son cancer s'est généralisé. Il ne dit rien à son entourage et continue ses concerts dont celui au Bourget en Seine-Saint-Denis, en France, le 3 juillet 1980 qui rassemble plus de 50 000 personnes ; il joue un dernier concert enregistré à Pittsburgh, le 23 septembre 1980. Il part ensuite pour une clinique de Bavière, où il suit un traitement original avec un médecin allemand, le docteur Josef Issels, qui prolonge sa vie au prix de dures souffrances.

On aurait dû lui enlever l’orteille mais il est rastafari il a donc laissé le cancer progresser jusqu’à la fin. On lui a coupé les dreadlocks, il ressemblait à un petit enfant = c’était une régression. La manière dont les corps se transforment est assez particulière en fonction du psychisme.

Miroir de l'esprit rebelle des peuples opprimés, héros, exemple et modèle à la fois, Bob Marley est considéré par plusieurs générations déjà comme le porte-parole défunt mais privilégié des défavorisés. Il a porté jusqu'à son paroxysme, la dénonciation de la négation de la personne noire, de la falsification des cultures africaine et afro-américaine par le pouvoir et les religions de l'Occident, du travail des historiens à la solde de ces régimes; (Zion Train, Music Lesson). Grâce au mouvement rasta (Forever Loving Jah, Rastaman Chant), Bob Marley a ouvert une voie qui ne se limite pas à la protestation d'ordre colonial et post-colonial.
Il a souhaité montrer à l'humanité, la falsification de l'histoire des peuples noirs. Il a aussi une approche de la Bible jusque-là essentiellement inédite et de plus en plus largement étudiée et reprise depuis. Son approche théologique rastafarienne, relayée par sa célébrité, fait ainsi de Marley l'objet d'un certain nombre de réflexions de nature hagiographique. Beaucoup voient en lui une sorte d'apôtre ou de « prophète » multimédia (Time Will Tell. Comme l'écrivait le New-York Times de façon peut-être aussi ironique que prophétique quinze ans après sa disparition, en 1996 : « En 2096, quand l'ancien tiers-monde occupera et colonisera les anciennes super-puissances, Bob Marley sera commémoré comme un Saint. »).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire