Repères historiques
1) Introduction :
Etude homme machine :
Une préoccupation ancienne... bien avant la main de l'ergonome.
De tout temps, une constante préoccupation !
- diminuer la peine de l'homme au travail et prévenir les risques sur la santé (CH).
- améliorer l'efficacité du travail humain (CP)
Adopter les moyens de travail à l'homme : des acteurs divers...
- médecins et hygiénistes (protéger la santé)
- ingénieurs et organisateurs du travail (augmenter l'efficacité)
- utilisateurs (adaptation des outils, systèmes de travail par les travailleurs)
- chercheurs (comprendre le fonctionnement de l'homme en activité)
2) Antiquité au 20ème siècle :
a) courant hygiéniste
Objectifs :
Souci ancien de l'adaptation des outils et des équipements à l'homme :
- les conséquences du travail sur la santé (déforation verticale chez les tailleurs de pierre, intoxication au mercure...)
- diagramme et remèdes (moyens pour ventiler les galeries de mines, recommandation sur dimension des espaces de travail...)
- décrire les conséquences du travail sur la santé
- en identifier les causes et en comprendre les mécanismes
- trouver les moyens de les prévenir/préserver l'homme des naissances au travail
Les hygiénistes et les médecins :
-
(Moyen Age) Armanda de Villeneuve (1235-1313) : médecin. Etude des
conditions de travail; intérêt marqué pour les facteurs environnementaux
(chaleur, humidité, poussières toxiques) (verriers, forgerons,
teinturiers, etc)
- (Renaissance) Ramazzini (1633-1714) : médecin
italien. Décrit les relations entre troubles de la santé et conditions
de travail dans 52 métiers (maladies chez les accoucheuses, troubles
visuels chez les bijoutiers, problème de jambes chez les mineurs, etc).
Observation sur le lieu de travail.
Prescriptions faites par les médecins et hygiénistes :
- pas la suppression des causes...
-
mais des protections individuelles et des mesures en termes d'hygiène
de vie au travail (pour les bijoutiers, relever la tête de temps et
regarder au loin)
(19ème) Patissier (X-X) :
Protection sur les machines, et recherches techniques pour concevoir des machines diminuant les travaux lourds et dangereux.
Villermé (1782-1836) : "Pionnier" de médecine du travail française. "Conditions dans lesquelles travaillent les ouvriers" (1840)
Chargé en 1832 par l'académie des sciences morales et politiques d'un rapport sur les conditions de vie de la classe ouvrière.
Il s'observe, interroge, fait des études de porte le travail.
Série
d'actions, par voies réglementaires et législatives sur les conditions
de travail (lois sur l'age au minimum d'embauche des enfants...).
Mesures et techniques
Mesures réglementaires et législatives
Clémenceau et le travail des enduiseurs...
Intoxication au plomb (saturnisme) comme depuis l'antiquité.
1904 : interdiction de carbonate de plomb (céruse) au parlement (mais décidée et appliquée qu'en 1948)
Mais
opposition des patrons d'entreprises de peinture, qui renvoient la
responsabilité des intoxications aux ouvriers qui n'utilisent pas les
moyens de protection.
Plaidoyer de Clémenceau (1841-1929) très proches des analyses de l'activité actuelle.
Prescription d'une opération d'enduisage :
"2 procédés sont utilisés :
- le premier se pratique avec 2 rouleaux à enduire dont l'un sert à prendre l'enduit où il a été préparé;
- le deuxième consiste à n'employer qu'un rouleau et à prendre directement les pâtes à induire avec la main gauche.
Le deuxième procédé jugé plus expéditif est généralement exigé des entrepreneurs.
Les enduiseurs se trouvent souvent avec de la pâte jusqu'en dessous du poignet gauche.
Comme
l'enduit est composé d'huile de lin, l'essence de térébenthine, de
blanc de céruse, on ne s'étonnera pas de la fréquence des accidents
d'intoxications saturnine chez les enduiseurs.
C'est pour cela que l'article numéro 2 interdit aux enduiseurs.
Comment Clémenceau prend le problème ?
1) Interdiction de la main à la pâte : il rejette sur le travailleur leur responsabilité, économiquement non viable.
2) Interdiction de la céruse pour la peinture et les induits : il supprime la cause.
Véritable
diagramme de nature psychoergonomique liant les effets (saturnisme) à
des causes (la céruse) par l'intermédiaire de l'activité (mettre la main
à la pâte) et de ses déterminants plus larges (vitesse et rentabilité).
Courant hygiéniste et ergonomique ?
- Fondement éthique partagé
-
Un objectif pratique, des "recommandations"...
- mais globalement peu de
prise en compte des situations réelles, pas d'analyses du travail
développées (étude des toxiques, perspective épidémiologique,
éloignement de la situation de travail).
b) Courant productiviste
Objectifs :
- Comment rendre le travail plus efficace ?
- Comment retrouver le meilleur travail ?
- Comment faire pour travailler mieux ?
Remarque :
Représentation énergétique de l'homme au travail :
-
L'homme comme un système de production d'énergie; comparaison du
travail humain à celui des machines (ex : définition du port de charges
maximum)
- Considérations physiologiques et biomécaniques; développement techniques
Quelques grands noms :
(17ème)
Vauban (1633-1707) : définit les charges à déplacer en fonction de
variables telles que la distance, la pente, la qualité du sol, la
saison.
(18ème) Chevalier de Dams : conçoit les outils
et des machines équilibrés "grâce auxquels l'homme se fait moins mal" et
qui seront étudiés "avant de commencer à travailler".
Coulomb
(1736-1806) : publie "la force des hommes" : évaluation par
l'expérience et le calcul du travail quotidien moyen, tenant compte des
ambiances et des capacités de compensation des travailleurs.
Lavoisier
(1743-1794) : expérience sur l'homme au travail et au repos "basées sur
l'analyse des gaz responsables recueillis au cours d'une tache décrite
avec précision.
Taylor (1856-1915) : ingénieur, auteur
de "the principles of science management". L'organisation scientifique
du travail (OST) est une méthode de rationalisation de la production
visant l'augmentation de la productivité.
Principes du management scientifique ou OST :
- La spécialisation : chaque employé réalise toujours les mêmes taches.
- La fragmentation : le travail est fragmenté en taches élémentaires, les temps d'exécution sont définis par chronométrage.
- Séparation entre l'exécution/controle/conception.
- Contrat contre la "flanerie" : paiement à la pièce.
- Etude du travail par l'analyse du développement des taches (méthode des temps et mouvements).
- Décomposition des phases successives du travail.
- Recherche des gestes les plus efficaces.
- Adaptation des outils.
F. B. Gilbuth (1868-1924) :
- Pionnier des études des mouvements.
- Développement des méthodes d'analyse et d'évaluation de l'exécution des taches.
- Les taches sont fragmentées en "éléments basiques". Les mouvements inefficients ou redondants sont supprimés.
Courant productiviste :
-
L'étude du travail et le management scientifique ont été les pionniers
des études des temps et mouvements et de l'ingénierie humaine.
- Les critiques des temps et mouvements : ces études ne regardent que l'aspect superficiel de l'exécution des taches.
Déspécialisation des artisans.
Création du travail répétitif.
Courant productiviste et ergonomie?
- Objectifs pratiques, objet thérique et orientation déontologique éloignés...
- Mais ce courant pose les fondements de l'analyse du travail.
- Analyse du travail revendiquée au fil des ans.
- Premières méthodologies pour le devant de l'analyse du travail.
La psychologie du travail :
Fin du 19ème / Début 20ème siècle : développement de la psychologie du travail / psychotechnique
Objectifs et application de la psychologie du travail :
Comment trouver le meilleur travailleur possible ?
Comment produire le meilleur travail possible ?
Comment arriver au meilleur résultat ?
La psychotechnique et la théorie des aptitudes
Ecole française de psychotechnique (Toulouse Psychiatre) :
"une organisation de la société et du travail fondée sur l'étude scientifique des aptitudes" (1900-1940).
"Théorie des aptitudes" : sélection des individus pour les taches qui leur conviennent.
Objets :
- Déterminer les aptitudes pour chaque profession.
- Orienter la politique de formation.
Méthodes :
- Majoritairement des études de labo.
- Lahy (1872-1943)n, premier à se spécialiser dans cette discipline.
Analyse des causes et effets de la fatigue
Utilisation des tests à des fins de sélection
Les débuts de l'ergonomie, avec l'étude de l'activité de travail
S. Pacaud :
Etude de philosophie et de psychologie, assistante de lahy (préparation des tests).
Elle montre la limite des tests.
Anecdote
: échec d'une ouvrière d'un atelier de perçage à un test de labo, car
le test ne permettrait pas l'anticipation permise par la machine dans
l'atelier et préconise d'aller sur le terrain pour comprendre l'activité
réelle.
Paccaud décide de s'intéresser à l'analyse du travail.
Recherches
sur le travail des téléphonistes en 1949 : analyse et catégorisation
des différences de cette population dans leur métier.
Etude
à la SNCF, par "auto observation", des métiers de téléphoniste et
d'agent de gare : montre la complexité d'activités répétées simples,
ajustement des tests initialement prévus.
Intro :
Histoire
de l'ergonomie en rapport étroit avec l'histoire du travail, l'histoire
des mouvements sociaux, l'histoire des idées et des sciences.
TP : retracer le développement de l'ergonomie (travailler en binôme à partir d'entretiens)
=> Texte hommage à Pierre Cazamian avec questions...
Naissance de l'ergonomie :
1857 : première utilisation du terme, par Jastrzebowski (philosophe polonais)
1949 : Marrell (ingénieur et psy anglais) crée la première société d'ergonomie (Ergonomic Research Society)
En France : conditions de travail reconnues comme un domaine important.
1941 : comité d'hygiène et sécurité (CHS) (qui ne deviendront CHS-CT qu'avec les lois Auroux, 1984)
1947 : création de la médecine du travail
Dans pays francophones, développement de centres de recherche et d'études...
Industrie :
- Centre d'ergonomie minière (Pierre Cazamian, France);
- Centre de recherche pour l'amélioration de confort et de la sécurité des véhicules (Alain Wisner, France);
- Centre de recherche et d'action dans l'industrie horlogère, pour diminuer les risques et défauts (P. Ray, Suisse).
Secteur public :
- Conservatoire National des Arts et des Métiers : physiologie du travail musculaire (C. Soula, J. Schener)
- Centre d'études appliquées au travail (CEAT) (environnement physique, travail porté, normalisation ergo) (B. Metz, Strasbourg)
1955 : parution de "l'analyse du travail" par Onbredane et Faverge, ouvrage majeur pour l'évolution de l'ergonomie francophone.
Pose les jalons de l'analyse du travail... pas d'allusion aux travaux de Pacaud.
Début 60's, 3 phénomènes :
-
Changement de problématique sur les problèmes du travail : situer
l'homme au centre du travail et donc de la conception des moyens de
travail
- Rôle important joué par des universitaires
-
Sortir des structures administratives et politiques (nationales et
européennes) : la production et la sécurité doivent être conçues à
partir des travailleurs, de leur fonctionnement, de leur activité au
travail (et non l'inverse).
1963 : création de SELF
- promouvoir l'ergonomie dans les pays de langue française
- ergonomes praticiens, chercheurs, médecins du travail, ingénieurs, etc...
- congrès tous les ans
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