mardi 2 avril 2013

Interactions, milieu et développement cognitif (Guerini) : La tutelle selon Bruner


Etude sur le role des interactions sociales dans le développement cognitif et social (3ème partie)

La tutelle selon Bruner

=> Influence relation adulte/enfant
=> Illustration zone de développement de Vygotsky

Définition générale :

- La tutelle est définie comme fournissant ce qui est nécessaire et suffisant pour permettre à l'enfant de mener à bien la tache proposée.
- La tutelle désigne les moyens grâce auxquels une adulte ou un "spécialiste" fournit à quelqu'un qui est moins adulte ou "spécialiste" que lui.

6 catégories de tutelle :

- L’enrôlement dans la tache : le tuteur engage l'intérêt et l'adhésion de l'enfant (plus il est jeune, plus l'adulte doit trouver des moyens pour soutenir son attention).
- La réduction des degrés de liberté : le tuteur simplifie la tache jusqu'au niveau où l'enfant peut reconnaitre qu'il a réussi où non à répondre aux exigences de la tache.
- Le maintien de l'orientation : le tuteur rappelle ou met en évidence le but ou les sous buts de la tache, et lui permette de s'orienter vers des taches plus complexes.
- La signalisation des caractéristiques déterminantes : le tuteur signale les caractéristiques de la tache qui sont déterminantes pour son exécution et fournit des indications sur l'écart entre le résultat obtenu et le résultat à atteindre.
- La démonstration : le tuteur présente des modèles de solutions. Processus d'imitation est important.
- Le contrôle de la frustration : le tuteur installe un climat de confiance afin de maintenir la motivation qui risque de disparaitre.

Etude sur l'étayage des processus de mémorisation (Labrell, 2005) :

- Sur des enfants de 4 et 5 ans ( scolarisés en petite/moyenne section)
- Placés avec un de leurs parents devant un écran d'ordinateur montrant des images représentant des lots d'objets => mis côte à côte.

Procédure :
- Les adultes ont pour consigne de converser librement avec l'enfant aussi longuement qu'ils le souhaitent à propos des images d'objet.
- Les objets sont disposés par lots de 3 sur l'écran : ex : tartine - fromage - gateau.
- A la fin de la présentation, les images sont retirées et l'enfant dispose de 5 minutes pour faire une activité différente.
- A l'issus de ce temps de 5 minutes, identique pour tous les enfants, l'écran affiche 2 des 3 objets et l'enfant doit rappeler seul le nom de l'objet manquant.

Les analyses :
- Sur les contenus des discours parentaux adressés à l'enfant.
- Sur les performances de l'enfant (rappel correct/incorrect).
- Sur les productions spontanées de l'enfant.
- Sur les auto répétitions (de nature métacognitive, préparation à la mémorisation) pendant la présentation ou après, notée habituellement chez les enfants à partir de 7-8 ans.

Les résultats :

1) Les parents fournissent de nombreuses informations relatives aux objets à mémoriser :
- les caractéristiques perceptives des objets à rappeler (tu as vu comme la confiture est rouge).
- les connaissances générales (les cactus, ça pousse dans le désert).
- concernant les expériences que l'enfant a déjà pu avoir avec les objets (tu te rappelles les fleurs de notre jardin).
- ciblant les liens possibles entre les 3 images (le pain, le beurre et la confiture, ça fait une tartine).

2) Selon l'âge (en moyenne) :
4 ans => 6/12
5 ans => 8.6/12

3) Effets des verbalisations de l'adulte :
Lien entre le fait que des infos soient produites par les adultes sur les objets : La comparaison avec un groupe contrôle (n'ayant reçu d'info) montre des performances de mémorisation inférieures à celles du groupe expérimental.

4) Analyse des auto répétitions :
- Fréquentes aux 2 âges : 75% des enfants de 5 ans en réalisent, 53.2% de 4 ans.
- Plus les enfants font des auto répétitions, plus leur chance de rappeler le nom correct est élevée.
=> A rapprocher du langage égocentrique (aide à réguler les activités cognitives en cours de l'enfant).

Niveaux de distanciation des verbalisations de l'adulte (Sigel, 1987) :

Niveau 1 : bas - demandes concrètes => faire attention, décrire, étiqueter
Niveau 2 : moyen - mise en relation => comparer, ordonner, continuer en fonction d'un indice observable
Niveau 3 : haut - demandes abstraites => évaluer, inférer, proposer des alternatives. L'enfant active des processus évaluatifs et inférentiels.

- 1 acte distanciant : correspond à un niveau de demande cognitive formulée verbalement. Cette demande va solliciter chez le récepteur l'activation d'opérations mentales diverses, allant de la verbalisation à la sollicitation d'inférences (activités de représentation plus ou moins élaborées).

- Ainsi selon le niveau de distanciation des activités cognitives plus ou moins élaborées, en terme de langage et d'abstration, vont être sollicités chez l'enfant comme :
  • regarder l'image
  • évoquer l'épisode au marché
  • réfléchir à la transformation d'un objet en un autre

- Selon Sigel, des niveaux élevés de distanciation (comme la sollicitation d'inférences) vont ainsi favoriser les compétences représentatives de l'enfant et lui permettre de développer ses capacités d'abstraction.

- L'adulte s'adapte au niveau de connaissances de l'enfant, et à son âge :
Enfant : "la jolie fleur"
Adulte : "la jolie fleur jaune" ou "la jolie jonquille"

Etude du partage de représentation autour du livre d'images (Danis, et al. 2000) !

- Enfants âgés de 22 mois à 42 mois, moyenne : 32 mois.
- 17 dyades adulte enfant on été filmées autour du livre d'images.
- Les verbalisations de l'adulte et de l'enfant ont été retranscrites et codées selon des niveaux inspirés de Sigel.

Niveau 1 : identification perceptive d'un référent dans le livre.
Niveau 2 : mise en relation perceptive.
Niveau 3 : référence déplacée (dans l'espace, et le temps).
Niveau 4 : inférence (raisonnement logique, description imaginaire, savoir social).

- Une analyse Bayésienne révèle que le niveau d'abstraction que le partenaire adopte dépend du niveau que l'autre partenaire vient d'exprimer.

- On observe une constante adaptation réciproque des deux partenaires.

- Cependant, ce sont les adultes qui expriment des niveaux d'abstraction plus fréquemment que les enfants créant ainsi une zone proximale de développement.

- L'adulte stimule les habiletés représentationnelles de l'enfant dans la mesure où l'enfant "suit" toujours l'adulte dans les niveaux d'abstraction complexes initiés par l'adulte.

Le développement du langage chez l'enfant :

La croissance langagière :

Nombre de mots : 500 à 3 ans, 2000 à 5 ans

L'attention conjointe à partir de 6 mois :
Adultes <=> Enfant
Objet : thème de communication (à 10-12 mois).

L'apparition du geste du pointage : diminution.

L'apprentissage du langage trouve son ancrage dans les formulations d'actions partagés et ritualisés.

Le jeu de routine partagé par l'adulte et l'enfant (Bruner).

Échanges initiés par l'enfant : En pourcentage : 10% à 5.3 mois, 50% à 12.3 mois

Rôles de l'enfant et de l'adulte dans l’interaction : diminution pour l'adulte agent et augmentation pour l'enfant agent, jusqu'à les courbes se rejoignent vers 12.3 mois.

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