samedi 12 janvier 2013

La polarisation (Moscovici)

En 1969, Moscovici et Zavalloni ont mis en évidence que le même phénomène de polarisation se produisait également dans des questions d'attitudes. Les sujets devaient tout simplement marquer leur accord ou leur désaccord face à une série d'énoncés tels que "de Gaulle est trop âgé pour mener à bien sa difficile tâche politique" ou "L'aide américaine est toujours utilisées pour
exercer une pression politique". Il s'est avéré que les discussions de groupe exacerbaient les a priori des sujets.

Le terme de "polarisation de groupe" rend compte du fait que la plupart du temps, après discussion, les gens s'accordent sur des positions davantage extrêmes que la moyenne des positions avant la discussion.

Une première explication suggère que ce phénomène est dû à des questions de normes groupales : nous cherchons tous à être bien perçus au sein du groupe, ce qui nous conduit à prendre en compte l'avis des autres membres et à nous y conformer. Une fois la norme du groupe dégagé, chacun va chercher à l'incarner le mieux possible, d'où un glissement vers les extrêmes.

Une deuxième explication s'appuie davantage sur les problèmes d'influence informationnelle. Lorsque les gens sont réunis en groupe pour discuter, il y a de grandes chances pour que des arguments inconnus pour certains soient évoqués. Il appartient alors à chacun d'incorporer ces
arguments à sa propre base de connaissance. Dans la mesure où tous ces arguments vont aller vers le même pôle au sein du groupe, il est normal qu'un glissement s'opère.

Il serait trop hâtif d'en venir à la conclusion que les décisions de groupe sont moins bonnes que celles prises individuellement. Il n'en reste pas moins qu'il nous appartient de nous méfier de ces dérives, tant sont nombreuses les occasions pour elles d'apparaître ; pensez notamment à la justice, à la politique, à l'éducation...

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