Contrairement à Freud, Piaget considère l'affectivité comme un sous-produit du cognitif, qui est, pour lui, le concept central.
La
théorie Piagétienne est constructiviste : il s'agit de montrer comment
l'intelligence est le produit d'une construction au travers des interactions
que le sujet a avec des objets. Ces constructions passent par l'action, l'opération puis la représentation
grâce aux mécanismes :
1.
d'assimilation : Consiste à intégrer un objet ou une nouvelle situation
à l’ensemble des objets ou des situations auxquels une conduite existante est
déjà appliquée. En bref, l'enfant tente d'agir sur le monde en
fonction de ses schèmes sensorimoteurs.
Ex. : La succion du sein puis la succion du pouce puis d’un
objet : la même conduite est appliquée à des objets différents
2.
d'accommodation : Elle
correspond au mécanisme qui consiste à modifier les anciens comportements afin
de les adapter à la nouvelle situation ou au nouvel objet. Ce processus permet
de généraliser c'est-à-dire étendre le comportement à des situations nouvelles.
En bref, l'enfant modifie ses schèmes sensori-moteurs en fonction de la réalité
extérieure.
Ex. : On ne saisit pas un cube comme une aiguille, une poire trop
mûre comme un caillou. L’enfant devra attraper l’objet d’une manière
différente.
3. d'équilibration, qui est le
jeu dialectique entre assimilation et équilibration, assure le développement
psychologique.
Piaget détermine 4 facteurs de développement :
Piaget détermine 4 facteurs de développement :
1.
La maturation du système nerveux qui
donne de nouvelles possibilités d'action sur l'environnement.
2.
L'expérience physique et
logico-mathématique.
3.
Les facteurs sociaux.
4.
L'équilibration
Le stade sensori-moteur (0 - 2 ans)
Dès
la naissance, le bébé est au centre d’une multitude de relations mais
cependant, il ne se distingue pas au début du monde qui l’entoure. Cet état
initial d’indifférenciation par rapport à l’environnement constitue ce que
Piaget appelait l’égocentrisme.
La
période de 0 à 2 ans se caractérise principalement par la mise en place et le
développement sensoriel et moteur. L’intelligence sensorimotrice est une
intelligence d’action : l’enfant ne pense pas en dehors de ce qu’il
perçoit, de ce qu’il agit dans l’instant. C’est une intelligence sans pensée,
ni représentation, c’est-à-dire fugace et non encore différée. C’est l’action
qui est primordiale.
Les réactions circulaires primaires se complexifient. L'enfant accède
peu à peu à un univers d'objets permanents. L’enfant passe de l'individualisme
narcissique au choix objectal et passe des émotions primaires à des sentiments
différenciés et durables.
Le stade est organisé en 6 sous-stades :
I.
exercice réflexe.
II.
réaction circulaire primaire.
III.
Réaction circulaire secondaire.
IV.
Moyens connus pour situations nouvelles.
V.
Réaction circulaire tertiaire.
VI.
Combinaison mentale.
Le stade pré-opératoire (2 à 7-8 ans)
Cette
période est marquée par deux caractéristiques importantes.
·
L’émergence de la fonction symbolique
Elle
permet les évocations mentales d’objets ou évènements absents au moyen de
signes ou de symboles. L’action demeure l’instrument principal du développement
des connaissances mais l’enfant peut dorénavant se représenter une action dans
sa tête. Ce stade se caractérise ainsi par le passage de l’action effective à
l’action intériorisée (effectuée en pensée). L’intériorisation des actions est
rendue possible grâce à l’émergence de la fonction symbolique. En effet,
l’enfant devient capable de se représenter mentalement c’est-à-dire, d’évoquer
un objet ou une situation (un signifié) en son absence à l’aide de différents
signifiants (ce qui sert à représenter) sous forme de symboles (ressemblance
avec le signifié) ou sous forme de signes (arbitraire et conventionnels).
L’imitation différée, les jeux symboliques, les dessins ou enfin le langage constituent les instruments de la
fonction symbolique.
·
La prépondérence de l’égocentrisme de sa pensée :
Pendant
cette période, l’enfant reste néanmoins dépendant des apparences, de ses
perceptions. Sa pensée est prisonnière de l’aspect des données : l’enfant
juge en fonction des données perceptives (par exemple, il croit qu’un objet qui
a changé de forme a aussi changé de quantité ou de poids). Il raisonne de façon
unidimensionnelle, ce qui sera à l’origine d’erreurs typiques de raisonnement.
Ex. : Suite au transvasement d’un liquide dans un verre de forme
différente (plus haut mais plus étroit), l’enfant de 4-5 ans conclura que la
quantité d’eau a changé (il y a plus d’eau parce que c’est plus haut). Les
raison de son erreur sont d’ordre perceptif : l’élévation du niveau d’eau
va le tromper. L’enfant centre son attention sur le rapport entre les 2
hauteurs mais néglige les largeurs.
L’enfant
est incapable d’envisager et de coordonner tous les aspects des situations et
incapable d’adopter un autre point de vue que le sien propre. Ce n’est donc
qu’après 7 ans que l’enfant deviendra capable de coopération lorsqu’il sera en
mesure de coordonner différents points de vue ou d’actions émanant
respectivement de différents individus.
En bref, le stade pré-opératoire voit l'essor de la fonction symbolique,
l'apparition du dessin, du jeu symbolique, de l'image mentale. La
socialisation, les sentiments moraux, les intérêts et les valeurs se mettent en
place.
Le stade est divisé
en trois sous stades.
I. : 2 - 4 ans. Conquête de la fonction symbolique.
II. : 4 - 6 ans. Pensée égocentrique et organisation de la
représentation.
III. : 6 - 8 ans. Intuitions articulées par la régulation.
Le stade des opérations concrètes (7-8 ans à 12 ans)
A partir de 7 ans, on ne parle plus d’action
(comportement observable) mais d’opérations (type d’action particulière). Il y
a changement de structures : la pensée devient opératoire. L’enfant
est capable d’effectuer des actions virtuelles, non effectives, et cela
mentalement. Les premières opérations sont toujours liées à l’action et portent
directement sur des objets concrets présents ou immédiatement représentés.
La pensée de l’enfant ne peut se détacher
complètement des objets perceptibles, elle ne permet pas de construire un
discours dans l’absolu (qui s’appuie sur des hypothèses énoncées verbalement).
Les opérations s’appliquent à des domaines divers :
·
Les opérations de conservation permettent la construction d’un invariant
malgré les transformations. Ainsi, un objet gardera ses caractères propres
quelle que soit sa position ou sa répartition.
Ex. : le transvasement d’un liquide dans un nouveau
récipient ne change rien à sa quantité uniquement si l’enfant est capable
d’envisager par la pensée l’annulation de la transformation par son inverse
(réversibilité) c'est-à-dire en renversant le liquide dans le récipient de
départ.
·
Les opérations logico-mathématiques portent sur des objets discontinus (sériation, classification,
inclusion de classe).
Ex. : L’enfant peut comprendre que si l’on
supprime les poires d’un panier de fruits composé de poires et de pommes, il
reste des fruits : les pommes. Il peut classer selon un critère commun,
ordonné selon un critère de différence, etc…
·
Les opérations infra-logiques :
portent sur la construction des propriétés des objets du milieu extérieur et
sur leurs relations : espace, temps, vitesse, causalité et hasard.
En bref, Ce sont les sériations et
classifications (opérations concrètes) qui se mettent en place. L'enfant
acquiert les notions de causalité, comprend les invariants du réel, a la
conservation de substance, de poids, de volume.
L'enfant devient capable de coopération. La
camaraderie se développe, les jeux se déroulent en s'appuyant sur des règles
valables pour tous. Le sentiment de justice morale et l'autonomie se
développent.
Le stade est divisé en deux sous stades :
I. : 8 - 10 ans. Opérations concrètes simples 8 –
10 ans (logico arithmétiques : classe, relations numériques).
II. :10 - 12 ans – Opérations concrètes complexes
(spatio-temporelles)
Le stade
des opérations formelles (12 - 16 ans)
Ce stade marque la 3ième étape de la
connaissance, s’accomplit au terme de l’enfance et prépare l’adolescence. La
spécificité des opérations concrètes est de porter directement sur les objets
avec un raisonnement indissociable de son contenu. Les opérations formelles
vont libérer le raisonnement de son contenu. L’enfant devient capable de
raisonner non plus sur du matériel concret mais sur de simples hypothèses.
La pensée formelle est une pensée Hypothético-déductive.
L’enfant devient capable de :
Ø Raisonner de façon abstraite (raisonner sur des propositions détachées des
constatations concrètes).
Ø Formuler des hypothèses (propositions dont il ne sait pas encore si elles
sont vraies ou fausses mais susceptibles
d’être affirmées ou infirmées et dont il pourra analyser les conséquences).
Ø Combiner les hypothèses en utilisant des opérations propositionnelles comme
par exemple l’implication (si… alors), l’incompatibilité (ou.. ou, ni l’un ni
l’autre…).
Ø Contrôler ses hypothèses en faisant varier un à un et systématiquement les
facteurs en jeu (méthode expérimentale) et tirer de ce contrôle de nouvelles
hypothèses possibles.
A partir de ce
moment, l’enfant peut envisager l’ensemble des cas possibles et considérer le
réel comme un cas particulier. Il y a donc un renversement sur des rapports existants
entre le réel et le possible. Lors du
stade des opérations concrètes, le possible est le prolongement du réel ; en revanche, lors du stade des opérations formelles,
le réel est considéré comme une réalisation parmi d’autres possibles.
Le stade des opérations formelles représente le dernier
stade de la pensée, c’est pour Piaget le moment ou l’intelligence acquiert sa
pleine maturité Les notions de nombre, de volume de poids, les structures
logiques (classification et sériation) sont acquises. La pensée formelle, qui
se construit à ce stade permet l’établissement de relations entre la réalité et
la possibilité.
Pour résumé
Piaget : Il détermine des repères dans le développement de l'enfant. Ces
repères sont :
- la représentation ;
- la réversibilité ;
- l'abstraction.
Il constate que ces repères délimitent des
périodes-clés du développement, ou paliers d'acquisition :
- période sensori-motrice ;
- période pré-opératoire ;
- période des opérations concrètes ;
- période des opérations abstraites.
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