lundi 14 janvier 2013

La conception de l’enfance selon Piaget


Contrairement à Freud, Piaget considère l'affectivité comme un sous-produit du cognitif, qui est, pour lui, le concept central.
La théorie Piagétienne est constructiviste : il s'agit de montrer comment l'intelligence est le produit d'une construction au travers des interactions que le sujet a avec des objets. Ces constructions passent par l'action, l'opération puis la représentation grâce aux mécanismes :
1. d'assimilation : Consiste à intégrer un objet ou une nouvelle situation à l’ensemble des objets ou des situations auxquels une conduite existante est déjà appliquée.  En bref, l'enfant tente d'agir sur le monde en fonction de ses schèmes sensorimoteurs.
Ex. : La succion du sein puis la succion du pouce puis d’un objet : la même conduite est appliquée à des objets différents
2. d'accommodation : Elle correspond au mécanisme qui consiste à modifier les anciens comportements afin de les adapter à la nouvelle situation ou au nouvel objet. Ce processus permet de généraliser c'est-à-dire étendre le comportement à des situations nouvelles. En bref, l'enfant modifie ses schèmes sensori-moteurs en fonction de la réalité extérieure.
Ex. : On ne saisit pas un cube comme une aiguille, une poire trop mûre comme un caillou. L’enfant devra attraper l’objet d’une manière différente.
3. d'équilibration, qui est le jeu dialectique entre assimilation et équilibration, assure le développement psychologique. 

Piaget détermine 4 facteurs de développement :
1. La maturation du système nerveux qui donne de nouvelles possibilités d'action sur l'environnement.
2. L'expérience physique et logico-mathématique.
3. Les facteurs sociaux.
4. L'équilibration
Le stade sensori-moteur (0 - 2 ans)

Dès la naissance, le bébé est au centre d’une multitude de relations mais cependant, il ne se distingue pas au début du monde qui l’entoure. Cet état initial d’indifférenciation par rapport à l’environnement constitue ce que Piaget appelait l’égocentrisme.
La période de 0 à 2 ans se caractérise principalement par la mise en place et le développement sensoriel et moteur. L’intelligence sensorimotrice est une intelligence d’action : l’enfant ne pense pas en dehors de ce qu’il perçoit, de ce qu’il agit dans l’instant. C’est une intelligence sans pensée, ni représentation, c’est-à-dire fugace et non encore différée. C’est l’action qui est primordiale.
Les réactions circulaires primaires se complexifient. L'enfant accède peu à peu à un univers d'objets permanents. L’enfant passe de l'individualisme narcissique au choix objectal et passe des émotions primaires à des sentiments différenciés et durables.
Le stade est organisé en 6 sous-stades :
I. exercice réflexe.
II. réaction circulaire primaire.
III. Réaction circulaire secondaire.
IV. Moyens connus pour situations nouvelles.
V. Réaction circulaire tertiaire.
VI. Combinaison mentale.
Le stade pré-opératoire (2 à 7-8 ans)

Cette période est marquée par deux caractéristiques importantes.
·         L’émergence de la fonction symbolique
Elle permet les évocations mentales d’objets ou évènements absents au moyen de signes ou de symboles. L’action demeure l’instrument principal du développement des connaissances mais l’enfant peut dorénavant se représenter une action dans sa tête. Ce stade se caractérise ainsi par le passage de l’action effective à l’action intériorisée (effectuée en pensée). L’intériorisation des actions est rendue possible grâce à l’émergence de la fonction symbolique. En effet, l’enfant devient capable de se représenter mentalement c’est-à-dire, d’évoquer un objet ou une situation (un signifié) en son absence à l’aide de différents signifiants (ce qui sert à représenter) sous forme de symboles (ressemblance avec le signifié) ou sous forme de signes (arbitraire et conventionnels). L’imitation différée, les jeux symboliques, les dessins ou enfin le  langage constituent les instruments de la fonction symbolique.
·         La prépondérence de l’égocentrisme de sa pensée :
Pendant cette période, l’enfant reste néanmoins dépendant des apparences, de ses perceptions. Sa pensée est prisonnière de l’aspect des données : l’enfant juge en fonction des données perceptives (par exemple, il croit qu’un objet qui a changé de forme a aussi changé de quantité ou de poids). Il raisonne de façon unidimensionnelle, ce qui sera à l’origine d’erreurs typiques de raisonnement.
Ex. : Suite au transvasement d’un liquide dans un verre de forme différente (plus haut mais plus étroit), l’enfant de 4-5 ans conclura que la quantité d’eau a changé (il y a plus d’eau parce que c’est plus haut). Les raison de son erreur sont d’ordre perceptif : l’élévation du niveau d’eau va le tromper. L’enfant centre son attention sur le rapport entre les 2 hauteurs mais néglige les largeurs.
L’enfant est incapable d’envisager et de coordonner tous les aspects des situations et incapable d’adopter un autre point de vue que le sien propre. Ce n’est donc qu’après 7 ans que l’enfant deviendra capable de coopération lorsqu’il sera en mesure de coordonner différents points de vue ou d’actions émanant respectivement de différents individus.
En bref, le stade pré-opératoire voit l'essor de la fonction symbolique, l'apparition du dessin, du jeu symbolique, de l'image mentale. La socialisation, les sentiments moraux, les intérêts et les valeurs se mettent en place.
Le stade est divisé en trois sous stades.
I. : 2 - 4 ans. Conquête de la fonction symbolique.
II. : 4 - 6 ans. Pensée égocentrique et organisation de la représentation.
III. : 6 - 8 ans. Intuitions articulées par la régulation.

Le stade des opérations concrètes (7-8 ans à 12 ans)

A partir de 7 ans, on ne parle plus d’action (comportement observable) mais d’opérations (type d’action particulière). Il y a changement de structures : la pensée devient opératoire. L’enfant est capable d’effectuer des actions virtuelles, non effectives, et cela mentalement. Les premières opérations sont toujours liées à l’action et portent directement sur des objets concrets présents ou immédiatement représentés.
La pensée de l’enfant ne peut se détacher complètement des objets perceptibles, elle ne permet pas de construire un discours dans l’absolu (qui s’appuie sur des hypothèses énoncées verbalement). Les opérations s’appliquent à des domaines divers :
·         Les opérations de conservation permettent la construction d’un invariant malgré les transformations. Ainsi, un objet gardera ses caractères propres quelle que soit sa position ou sa répartition.

Ex. :  le transvasement d’un liquide dans un nouveau récipient ne change rien à sa quantité uniquement si l’enfant est capable d’envisager par la pensée l’annulation de la transformation par son inverse (réversibilité) c'est-à-dire en renversant le liquide dans le récipient de départ.

·         Les opérations logico-mathématiques portent sur des objets discontinus (sériation, classification, inclusion de classe).

Ex. : L’enfant peut comprendre que si l’on supprime les poires d’un panier de fruits composé de poires et de pommes, il reste des fruits : les pommes. Il peut classer selon un critère commun, ordonné selon un critère de différence, etc…

·         Les opérations infra-logiques : portent sur la construction des propriétés des objets du milieu extérieur et sur leurs relations : espace, temps, vitesse, causalité et hasard.

En bref, Ce sont les sériations et classifications (opérations concrètes) qui se mettent en place. L'enfant acquiert les notions de causalité, comprend les invariants du réel, a la conservation de substance, de poids, de volume.
L'enfant devient capable de coopération. La camaraderie se développe, les jeux se déroulent en s'appuyant sur des règles valables pour tous. Le sentiment de justice morale et l'autonomie se développent.
Le stade est divisé en deux sous stades :
I. : 8 - 10 ans. Opérations concrètes simples 8 – 10 ans (logico arithmétiques : classe, relations numériques).
II. :10 - 12 ans – Opérations concrètes complexes (spatio-temporelles)
Le stade des opérations formelles (12 - 16 ans)
Ce stade marque la 3ième étape de la connaissance, s’accomplit au terme de l’enfance et prépare l’adolescence. La spécificité des opérations concrètes est de porter directement sur les objets avec un raisonnement indissociable de son contenu. Les opérations formelles vont libérer le raisonnement de son contenu. L’enfant devient capable de raisonner non plus sur du matériel concret mais sur de simples hypothèses.
La pensée formelle est une pensée Hypothético-déductive. L’enfant devient capable de :
Ø  Raisonner de façon abstraite (raisonner sur des propositions détachées des constatations concrètes).
Ø  Formuler des hypothèses (propositions dont il ne sait pas encore si elles sont vraies  ou fausses mais susceptibles d’être affirmées ou infirmées et dont il pourra analyser les conséquences).
Ø  Combiner les hypothèses en utilisant des opérations propositionnelles comme par exemple l’implication (si… alors), l’incompatibilité (ou.. ou, ni l’un ni l’autre…).
Ø  Contrôler ses hypothèses en faisant varier un à un et systématiquement les facteurs en jeu (méthode expérimentale) et tirer de ce contrôle de nouvelles hypothèses possibles.
A partir de ce moment, l’enfant peut envisager l’ensemble des cas possibles et considérer le réel comme un cas particulier. Il y a donc un renversement sur des rapports existants entre le réel et le possible. Lors du stade des opérations concrètes, le possible est le prolongement du réel ; en revanche, lors du stade des opérations formelles, le réel est considéré comme une réalisation parmi d’autres possibles.
Le stade des opérations formelles représente le dernier stade de la pensée, c’est pour Piaget le moment ou l’intelligence acquiert sa pleine maturité Les notions de nombre, de volume de poids, les structures logiques (classification et sériation) sont acquises. La pensée formelle, qui se construit à ce stade permet l’établissement de relations entre la réalité et la possibilité.
Pour résumé Piaget : Il détermine des repères dans le développement de l'enfant. Ces repères sont :
  • la représentation ;
  • la réversibilité ;
  • l'abstraction.
Il constate que ces repères délimitent des périodes-clés du développement, ou paliers d'acquisition :
  • période sensori-motrice ;
  • période pré-opératoire ;
  • période des opérations concrètes ;
  • période des opérations abstraites.

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